Quelle est la définition de l’écoféminisme ?
Je suis ravie de faire cet article sur l’écoféminisme. Cela fait peu de temps que je me suis nommée féministe. Même si au fond de moi je l’ai toujours su, j’avais du mal face à la stigmatisation “d’extrémisme” portée par mes proches par rapport aux féministes, et tout en sachant que je crains moi-même le “radicalisme”. Les féminicides dans mon pays ont réveillé cette flamme, ces sentiments d’impuissance et d’injustice grâce auxquels j’ai pu reconnaître que j’avais peur d’être exclue, pour ensuite me libérer finalement du regard de mes proches (surtout des hommes) et m’attacher pleinement à ce qui me tient à cœur. C’est finalement grâce au féminisme que j’ai pu comprendre beaucoup de choses aussi de mon histoire, de mes croyances et de mon regard sur le monde et la relation que j’ai avec.
Mon rapport avec le féminisme
Je me suis renseigné, j’ai commencé à lire, à m’informer, à écouter des podcasts, pour essayer de comprendre ce qu’est le patriarcat, quelles sont les conséquences sur notre société, sur nos pensées, sur notre corps et sur la nature. Sur la nature ? Mais je me demandais quel était le rapport ? Je suis alors tombée sur une formation en ligne sur l’écoféminisme pour débutants, proposée par une femme mexicaine et géographe. J’ai adoré.
Ce courant du féminisme m’a vraiment parlé, car elle met en jeu deux choses qui me sont chères : les femmes et la nature.
Ecoféminisme : définition
L’écoféminisme est un courant de pensée et un mouvement social qui étudie, critique et dénonce la relation qui existe entre la destruction capitaliste de l’environnement et l’oppression patriarcale des femmes. Le terme a été introduit par une écrivaine et activiste française, Françoise d’Eaubonne en 1974.
Le mouvement n’a pas été bien accueilli par les féministes françaises, le jugeant de « essentialiste » (définition en bas), et c’est pour cette raison que le mouvement s’est développé ailleurs qu’en France.
Le féminisme essentialiste (ou féminisme différentialiste) considère qu’il n’y a pas lieu de distinguer sexe et genre, puisque le sexe d’une personne détermine le genre correspondant.
Cet essentialisme qui n'(en) est pas un, Naomi SCHOR
Pour l’écoféminisme, et à la différence d’autres féminismes, pas besoin de rejeter les valeurs féminines, au contraire, il préconise de les promouvoir et de les adopter afin de les reconnaître comme socialement utiles, désirables et universelles pour l’humanité (Amaranta Hererro – Ecologìa polìtica).
L’écoféminisme repose aussi la question du corps, et donc l’écologie intérieure selon moi, qui fut tabou pour les autres féminismes inspirés du courant de pensée de Simone de Beauvoir, dans lequel elle oppose société et nature. Pour Beauvoir, une femme ne peut se libérer que si elle se libère de sa “nature”, donc d’enfanter et de toutes les tâches qui lui ont été confiées comme “naturel” autour de son rôle de mères. Hypothèse avec laquelle je ne suis pas d’accord, au moins pour ce qui concerne nos sociétés occidentales modernes, où je pense qu’une femme peut s’émanciper et se libérer même en enfantant. Pour l’écoféminisme, le corps, masculin ou féminin, n’est pas aliénant en lui-même, ce sont les rôles sociaux qui lui sont dictés qui les privent de liberté. La maternité est donc, pour l’écoféminisme, une fonction sociale et non pas une fonction naturelle réservée aux femmes. Les femmes devront prendre le pouvoir de leur corps et être libres de décider si elles veulent ou pas avoir des enfants.
Il existe deux courants selon le point de vue de Mary Mellor, un premier écoféminisme économique et politique qui cherche a libéré les femmes et l’environnement de l’oppression et de l’exploitation devant le capitalisme et la mondialisation. Le deuxième est un écoféminisme spirituel qui repense le sacré, en arrêtant l’instauration de domination entre hommes et femmes ou entre être humains et nature.
C’est un sujet très vaste, donc si tu as envie d’en savoir plus, je te laisse ci-dessous quelques liens, dont un podcast d’Arte qui est très intéressant.
- Un podcast à soi – Arte – Écoféminisme volet 1 : Défendre nos territoires
- Un podcast à soi – Arte – Écoféminisme volet 2 : Retrouver la terre
- Video Écoféminisme ou comment se reconnecter au monde – Interview philosophe Emilie Hache
- Illustration : Layse Almada @laysealmada